La santé aux USA, un marché économique sans cœur !

5 avril 2013

Heureusement qu’on reste au Canada, et on retourne se coucher ! Vraiment ? Il n’y a rien à craindre ? Le réseau public de soins est un trésor national dont la garde s’affaiblit insidieusement. Les services de santé font l’objet de toutes les convoitises. Le privé s’infiltre. Les difficultés du Québec à revoir les assises de son organisation de services et de s’attaquer au prix des médicaments laissent entrevoir des lendemains où ce fondement d’équité sociale pourrait s’effondrer.

Le magazine TIME du 4 mars dernier présente un dossier spécial qui mérite qu’on s’y attarde. Être poursuivi par l’hôpital pour défaut de paiement, mourir en faisant faillite, l’américain moyen fait non seulement face à la maladie mais également, se ruine exploité et même volé par les hôpitaux qui chargent des prix prohibitifs sans que le gouvernement ne réussisse à réglementer ce marché que je qualifierais d’escrocs en sarreau.

« Taken as a whole, these powerful institutions and the bills they churn out dominate the nation’s economy and put demands on taxpayers to a degree unequaled anywhere else on the earth.” p. 20.

Trois heures à l’urgence pour un problème de digestion et vous voilà avec une facture de 17,000.$ et une autre de 3,000$ pour les médecins. Une pilule d’acétominophène est facturée à 1.50$ alors qu’Amazon en vend 100 pour ce prix, un test de glycémie « accu-check » 18$ au lieu de .55cents chez Amazon, etc….Les hôpitaux américains ont une marge de profits moyenne de 26% ! Comme ils ne paient pas d’impôts, ils investissent dans l’équipement de pointe, l’immobilisation et…le salaire des dirigeants.

Le prix des médicaments prescrits aux USA est 50% plus élevés que les autres pays développés : un marché de 280 milliards. Que dire des tests de laboratoire inutiles estimés à 70 milliards. De 2002 à 2006, les quatre manufacturiers qui contrôlent environ 75 % du marché des prothèses de hanches et de genoux ont payé 800 millions de dollars à des médecins « dits consultants » dans le cadre de 6,500 contrats de consultation. 

Bref, après cette lecture un peu aride mais combien « épeurante », j’en ai conclu que cette dérèglementation du marché des soins de santé ne peut conduire à terme qu’à la catastrophe économique générale mais surtout conduire à une société sans foi, ni loi où l’exploitation des plus vulnérables est tolérée et encouragée. Restons vigilants sur nos acquis de société, la barbarie n’est jamais loin.


1
http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,2136864,00.html
« Why Medical Bills Are Killing Us ? » Steven Brill , March 4 2013, vol 181, no 8, pp.16-55.

Catégorie(s): Financement des services de soinsSécurité des soins
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Commentaire(s) (3)

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  1. Geneviève McCready dit :

    Effectivement, vous avez bien raison: l’équité sociale est en danger.

    Depuis la fusion des établissements de santé en CSSS, j’ai observé une dégradation de l’accès aux services de première ligne. Le CLSC n’a pas de médecin, d’IPSPL pour offrir du sans rendez-vous médical? C,est pas grave, on réfère à la clinique-réseau. Le problème avec la clinique-réseau, c’est que ça demeure une clinique privée. Elles ne font pas toutes affaire avec un labo public, donc si le patient a besoin de tests de laboratoire: paye! J,ai déjà voulu porter plainte pour difficulté d’accès aux soins dans une clinique-réseau et on m’avait répondu d’aller me plaindre au premier ministre! Il n’y a donc pas de recours pour les patients.

    J’ai vu de nombreuses étudiantes se faire référer par le CLSC à leur clinique-réseau. Elles ont attendu 3 heures pour voir un médecin qui souvent ne les examine pas et s’il le fait, elles doivent payer au moins 100$ pour un dépistage chlam/gono… Lorsque j’ai voulu porter plainte au CLSC pour ne pas indiquer aux patients qu’en les envoyer ailleurs, il se peut qu’ils doivent payer, la commissaire aux plaintes m,a répondu qu’ils ne peuvent le faire parce qu’elle craint de recevoir plus de plainte. Elle a refusé de prendre ma plainte.

    Si rien n’est fait aujourd’hui, on risque de se réveiller demain matin avec le beau système barbare américain!

  2. June Kirouack dit :

    Un système de santé déjà bien inéquitable: afin d’obtenir un rendez-vous annuel avec son médecin de famille et ce pour 3 années consécutives, une personne fait 96 appels en 30 minutes au moment recommandé par la secrétaire pour booker l’horairendu médecin sur une période de trois mois et ce sans succès. Pendant ce temps, d’autres personnes ont 2 médecins qu’elles voient 2 fois annuellement chacun.

    La personne orpheline n’a d’autre choix que de se référer au pharmacien pour faire renouveller sa médication par Fax et ce sans examen médical pour vérifier la condition de la personne. Quel beau système!
    Heureusement, il y a les pharmaciens. Par contre, il y a lieu de se demander si le médecin charge une visite lorsqu’il renouvelle par Fax??

  3. Julienne Auclair dit :

    Merci pour ce bel article!

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