Les coupures de postes d’infirmières au CUSM

5 avril 2013

Les coupures de postes d’infirmières au CUSM ou l’art de s’enfoncer dans l’erreur

Tel qu’appréhendé par les infirmières du Centre hospitalier universitaire de l’université Mc Gill, La Presse annonce un plan de changement dans la structure de postes de l’hôpital universitaire : moins d’infirmières et plus d’infirmières-auxiliaires. Je rappelle qu’il s’agit d’un hôpital ultraspécialisé à la fine pointe du développement des sciences de la santé.

Couper le savoir-faire au chevet des malades, est-ce vraiment une solution d’avenir ? Le CUSM voulait suivre la trace des grands hôpitaux nord-américains, le voilà freiné ! Depuis plus de vingt ans, il avait une stratégie de recrutement très affirmée en faveur des infirmières de formation universitaire. Un hôpital de ce niveau ne devrait pas avoir moins de 60% d’infirmières universitaires, selon les standards américains. L’article indique une nouvelle cible de recrutement de 20% d’infirmières-auxiliaires. Remplaceront-elles les infirmières techniciennes (formées au Cegep) qui partent à la retraite ?

Les études internationales, particulièrement celles de Linda Aiken au États-Unis sur une large échelle, indiquent une relation directe entre le pourcentage d’infirmières qualifiées à l’université et la réduction des risques de mortalité lors d’une hospitalisation. Une augmentation de 10 % d’infirmières-bachelières correspond à une baisse de 5% du risque de décès. D’autres études très connues ont également fait un lien positif au niveau de la prévention des complications. D’ailleurs, l’enjeu actuel mis de l’avant par les experts est la sécurité des soins. Les complications génèrent des coûts directs et sociétaux importants. Ne faudrait-il pas creuser cette piste et permettre aux infirmières de réduire les incidents de soins ?

Au moment, où le Québec doit accentuer un virage de soins en ambulatoire, améliorer l’éducation thérapeutique et revoir la répartition de tâches entre les infirmières et les médecins pour améliorer la coordination des soins et le suivi des malades chroniques, ne pas investir dans la force professionnelle infirmière s’avère un contre-sens. Il est triste de constater que la gestion budgétaire des hôpitaux au Québec ne regarde jamais du côté des résultats de soins. Hélas, la notion coûts/bénéfices ne semble pas faire partie de l’arsenal de gestion hospitalière.


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http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201304/03/01-4637075-80-postes-dinfirmiere-supprimes-au-cusm.php

Catégorie(s): Financement des services de soinsFormation universitaire
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Commentaire(s) (3)

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  1. June Kirouack dit :

    Est-ce lié à des coupures dans les services et si oui cela peut être justifiable. Par ailleurs, ce serait une décision trop facile et purement budgétaire sans égard à la plus value au niveau clinique dans un centre à rayonnement international et dans un contexte provincial où la tendance actuelle d’un partenariat infirmière-médecin tout en préservant la sécurité des soins pour répondre à une réalité quotidienne d’insuffisance de médecins pour répondre aux besoins des clientèles dans les divers secteurs et encore plus d’impacts dans les secteurs spécialisés si pour
    remplacer des infirmières par des infirmières auxiliaires.

  2. Isabelle Harnois dit :

    Bonjour,

    la hiérarchisation des soins est bien présente dans les établissements de Lanaudière. En effet, les restrictions budgétaires amènent les établissements à prendre des décisions financières et ce, au détriment de la sécurité et la qualité des soins à la clientèle.
    Ayant été assistante du supérieur immédiat en CLSC, soutien à domicile, nous avions fait le choix de n’engager que des infirmières détenant un baccalauréat.
    La fusion des établissement de santé a provoqué plusieurs changements autant en soutien à domicile qu’en clinique ambulatoire: les postes d’infirmières détenant un bac sont remplacés par des infirmières auxiliaires. Il s’agit d’une décision insensée puisque la prévention ne peut plus se faire puisqu’il n’est maintenant question d’exécution de soins.
    C’est ainsi que j’ai quitté mon poste puisque les directives données par mes supérieurs ne correspondaient plus à mes valeurs. De plus, à ce moment j’en étais à compléter mon deuxième cycle en sciences infirmières et devenait de plus en plus lucide…

    Pour l’instant j’enseigne en soins infirmiers et tente de semer l’importance du rôle réel de l’infirmière en plus de les encourager à poursuivre au bac…

    Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer

    Isabelle Harnois
    Inf. M.Sc.

  3. Lina Moisan dit :

    Bravo à Mme Desrosiers pour cet excellent article. J’ignorais ce qui se tramait dans les coulisses de ma propre institution! J’ai commencé à travailler dans cet hôpital pédiatrique dans les années 80-90. Le recrutement d’infirmières bachelières étaient une priorité à cette époque. J’ai été témoin du bénéfice direct sur l’excellence des soins. Il est regrettable de constater la perte de ces acquis. Je ne peut que souhaiter que ces administrateurs se rendent compte de leur erreur. Il est anormal qu’un centre de santé universitaire puisse se péter les bretelles sur son rayonnement international en oubliant les piliers sur lesquels reposent une grande partie de cette réputation.

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