SIDIIEF

Congrès du SIDIIEF- 17octobre 2022- Les adieux

16 novembre 20220 Commentaire(s)

 

Je suis heureuse d’avoir l’occasion ce matin de vous saluer et en quelque sorte de vous faire mes adieux. En effet, après 50 ans de carrière, il faut accepter de se retirer…. malgré un certain pincement au cœur.

En 1998, j’ai proposé au conseil d’administration de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) un projet associatif ambitieux pour marquer le passage à l’an 2000 : celui de la création d’une communauté infirmière internationale de langue française. Cette proposition de développer un réseau professionnel de langue  française pouvait sembler à contre-courant dans le contexte où l’anglais occupe toute la place, mais j’avais l’intime conviction qu’il fallait sortir le Québec de son isolement et que cela consoliderait notre profession. La question de la mobilité internationale était également à l’ordre du jour.

Je remercie l’OIIQ de m’avoir fait confiance et d’avoir soutenu de façon indéfectible ce projet. Je remercie également la Haute École de santé La Source de Lausanne de s’être proposée comme partenaire fondateur. Nous avons ainsi formé un tandem solidaire et nous avons persévéré…ce n’était pas une mince tâche de démarrer une association internationale. Je tiens à souligner de façon toute particulière la contribution de Jacques Chapuis, nommé directeur de la HES La Source en 2006, qui fut un pilier de l’essor du SIDIIEF

Aujourd’hui, quel bonheur, quelle fierté, quelle satisfaction de constater le chemin parcouru. Regardez! nous sommes plus de 1000 infirmières et infirmiers de 20 pays …..réunis pour partager l’état actuel des connaissances en sciences infirmières, mais aussi pour prendre la mesure du potentiel et de l’envergure de notre profession.

Le SIDIIEF permet de documenter des questions cruciales qui affectent la profession ou encore, des enjeux de santé publique. D’ailleurs, vous aurez, durant ce congrès, le lancement de deux productions originales, notamment, l’impact des modes de financement sur l’organisation et la qualité des soins pour lequel, je me suis personnellement impliquée. Cette documentation des prises de position s’avère pertinente mais surtout utile partout au sein de la francophonie pour soutenir les efforts locaux ou nationaux de représentation de la profession infirmière auprès des autorités publiques.

Vous le savez….la  notoriété de notre profession dans l’espace public est un acquis important. Notre plus grande richesse ! C’est le socle à partir duquel on peut faire de l’action politique et même gagner des revendications. La Suisse en est un exemple récent.

Au cours des 30 dernières années, il y a eu un progrès remarquable au plan institutionnel pour notre profession: les cursus universitaires de 1er, 2ème et 3ème cycle se sont multipliés, des ordres infirmiers sont apparus (Liban, France), le financement de la recherche en sciences infirmières s’est accru, le champ d’exercice s’est élargi avec la pratique avancée, la collégialité interprofessionnelle a progressé. Nous devons être fiers de tous ces progrès.

L’environnement socio-politique de notre profession est en constante mutation. La pandémie a eu des effets paradoxaux : celui de rappeler aux gouvernements le caractère indispensable de notre profession, mais aussi celui d’accélérer des départs à la retraite et d’accentuer une pénurie. D’ailleurs, cette pénurie s’avère présentement notre principal défi et c’est l’aspect qui intéresse le plus nos gouvernements.  Avons-nous des propositions innovantes ou allons-nous seulement s’en plaindre ?

 Ainsi, les défis d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Il faut constamment réinventer notre discours et nos stratégies d’influence. Le congrès du SIDIIEF sera sûrement une occasion de faire une lecture judicieuse des menaces et opportunités qui s’annoncent pour maintenir des soins infirmiers d’excellence.

Nous, les infirmières, voyons les soins de santé sous l’angle de la souffrance des individus et souvent, on étale publiquement la nôtre, celle de la fatigue de compassion et des conditions de travail difficiles. Les gouvernements réagissent peu à cette approche. Rappelez-vous que les groupes qui font pitié ont peu de succès ou d’influence auprès des autorités publiques. Cette injonction de ma part constitue en quelque sorte mon testament politique : ne jamais avoir un discours de victime ! C’est ma dernière chance de le dire ce matin. La population et les gouvernements en ont  marre des râleurs!

Au cours de ma carrière, ma trame de fond était l’importance pour notre profession du développement d’habiletés stratégiques et communicationnelles en vue de gagner en influence sur la place publique. La profession a tout avantage à mettre de l’avant des propositions innovantes. Il y en aura des centaines durant ce congrès !

J’ai rêvé d’une profession forte et influente et…. à cet égard, j’ai eu l’audace de proposer la création du SIDIIEF. Je vous souhaite d’avoir de l’audace pour réaliser de vos rêves professionnels.

Je remercie toutes les associations et les institutions membres promoteurs du SIDIIEF, ainsi que chacun d’entre vous pour votre soutien et votre contribution à l’avenir du SIDIIEF. Je remercie Hélène Salette, la directrice générale, qui m’a accompagnée pendant deux décennies. Une infirmière d’exception!

Longue vie au SIDIIEF.     Merci.

L’audace et les rêves changent le monde

21 juillet 20220 Commentaire(s)

Publié par le SIDIIEF, le 12 mai 2022 

        J’ai rêvé d’une profession forte et influente tant au Québec qu’au sein de la francophonie. Ainsi, a germé ce projet ambitieux de créer une communauté internationale infirmière de langue française. 25 ans plus tard, je quitte la présidence du SIDIIEF, fière du chemin parcouru.

La profession infirmière s’avère une pierre angulaire de tous les systèmes de santé. On dit que c’est une profession à impacts systémiques. Pourquoi ? Elle est la plus importante en nombre, présente dans tous les secteurs et elle utilise la part du lion des budgets nationaux en santé. D’ailleurs, la pandémie de COVID a placé les projecteurs sur la contribution infirmière. Toutefois, reconnaissance et influence d’un groupe dans une société ne sont pas synonymes. La création du SIDIIEF relevait de cette ambition de consolider le pouvoir d’influence de la profession infirmière dans les politiques éducationnelles et sanitaires en permettant à ses membres d’obtenir des informations stratégiques en vue de soutenir leurs efforts de positionnement.

Un projet associatif ambitieux

Alors que l’anglais s’est confirmé comme la lingua franca depuis le milieu du 20ème siècle, pourquoi mettre de l’avant une association strictement francophone? Parce qu’il faut des mots pour convaincre et influencer. Et cela est plus facile et efficace dans sa langue maternelle. Contribuer à une culture professionnelle en français pouvait sembler à contre-courant, mais cette conviction m’animait profondément.

Les groupes influents capitalisent sur des associations diverses et des institutions pérennes. Et surtout, ils prennent publiquement la parole. Entendre la voix des infirmières autrement que pour des revendications de conditions de travail constitue, encore aujourd’hui, un défi. Dans un contexte de mondialisation fortement anglicisé, l’explosion des connaissances en santé, le développement du web et la mobilité des experts étaient autant de facteurs qui soutenaient l’urgence de s’assurer que les institutions infirmières des pays francophones mutualisent leurs efforts en vue de faire rayonner le savoir-faire infirmier et de participer aux solutions des grands enjeux de santé dans le monde.

Selon Huet et Simon (2007), « une association permet d’atteindre collectivement des buts inatteignables individuellement avec une maximisation de l’efficacité. C’est ici la logique de mutualisation par des individus librement associés …..l’activité associative  contribue à un développement personnel et relationnel et à la mise en œuvre de partenariats …. au travers d’une association, les membres visent le développement de valeurs, la recherche de sens, auxquels se mêlent parfois des symboles et des rites. L’association doit donner du sens autour d’une culture commune. »[1]

 Le SIDIIEF, au cours des 25 dernières années, a tenté sans relâche d’incarner cette recherche de sens et de mettre en valeur les propositions de la profession. Nos prises de position traduisent bien cet objectif.

Un réseau d’affaires professionnel

Le monde des affaires se développe beaucoup grâce au marketing, mais aussi grâce au fameux « network ». Ou comment tisser une toile de personnes-contacts qui nous informent de façon privilégiée ? Pour se démarquer, il faut connaître des gens et se faire connaître, il faut surfer sur les tendances émergentes, il faut innover.  On le sait, l’information mène le monde.

Ainsi, le moteur de l’adhésion au SIDIIEF s’appuie sur l’importance d’avoir des relations professionnelles internationales, d’être informé sur toutes les tendances affectant la profession, sur la conviction que l’appartenance à une communauté professionnelle internationale peut consolider son positionnement local et enfin, sur la volonté de faire rayonner son institution ou association.

Quoi de plus rassurant et inspirant que de réunir des infirmières de plus de 20 pays ? On peut considérer que le congrès du SIDIIEF constitue la « matérialisation »   évidente du projet associatif du SIDIIEF. Le congrès 2022 qui aura lieu à Ottawa, Canada saura, je l’espère, encore une fois, réunir les leaders francophones.

Évaluer la performance d’une association à l’échelle internationale s’avère difficile. Certains paramètres indiquent que le SIDIIEF a acquis une crédibilité et une notoriété élargie, notamment grâce à ses congrès, ses prises de position et ses documents uniques. Un article sur un site français mentionnait en octobre 2018 le SIDIIEF comme un organisme structurant le monde infirmier.[2] Notons d’ailleurs que le SIDIIEF est de plus en plus interpellé par des organismes internationaux. J’en profite pour remercier tous ceux et celles qui ont soutenu le SIDIIEF au fil du temps.

Une profession en mutation constante

 Au cours des 20 dernières années, la profession infirmière, au sein de la francophonie, a beaucoup progressé. On peut souligner la création d’ordres infirmiers, particulièrement celui de France, la reconnaissance de la discipline universitaire par le LMD et par le rayonnement de la recherche infirmière, le développement de la pratique clinique dite avancée, l’élargissement du champ d’exercice et enfin, la participation à des instances décisionnelles tant locales que nationales.

Rappelons que l’environnement social est en constant changement. Les défis d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Les leaders de la profession doivent faire une lecture judicieuse des menaces et opportunités. Cela constitue une habileté stratégique essentielle qui doit être assortie d’un plan communicationnel percutant. Présentement, dans le contexte de pénurie mondiale d’infirmières, les propositions innovantes de sortie crise pour maintenir à flots l’accès aux soins de santé sont attendues de tous les gouvernements. L’audace doit être notre signature.

https://sidiief.org/mot-de-la-presidente/laudace-et-les-reves-changent-le-monde/


 

[1] Pouvoirs et légitimité dans les associations par Jean-Michel Huet et Adeline Simon, L’expansion Management Review , 2007/2, no 125.

https://www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2007-2-page-6.htm

[2] http://www.actusoins.com/304157/les-organisations-structurant-le-monde-infirmier.html

 

La qualité des soins et la sécurité des patients : des enjeux humains et économiques considérables.

16 juin 20150 Commentaire(s)

conference-sidiief

La qualité des soins et la sécurité des patients : des enjeux humains et économiques considérables.

Dans le cadre de son congrès triennal, qui a eu lieu à Montréal du 31 mai au 5 juin, le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) a publié un mémoire1 qui s’appuie sur les tendances internationales pour analyser les enjeux relatifs aux impacts de la « non-qualité » dans les services de santé. Le SIDIIEF a également lancé deux autres documents d’importance en lien avec ce sujet : une révision systématique des écrits sur les indicateurs sensibles à la qualité des soins infirmiers et le point de vue d’un expert de l’OMS sur les travaux à l’échelle internationale.2

Les soins infirmiers, la cible de compressions budgétaires

Les systèmes de santé vivent une transition sans précédent pour faire face aux défis des maladies chroniques. L’explosion des dépenses  depuis trente ans incite les gouvernements à prendre des décisions budgétaires sans évaluer les impératifs cliniques et économiques à long terme. Dans un contexte où la demande de soins s’accentuera, où les besoins en soins se complexifieront, où les progrès scientifiques confronteront des pathologies toujours plus pernicieuses, comment peut-on aborder de front tous ces défis? 

Le SIDIIEF estime qu’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients  pourrait réduire la pression des coûts et concilier l’augmentation de la demande de soins avec les contraintes budgétaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) signale qu’un patient sur dix serait victime d’erreurs évitables qui ont des conséquences directes sur son état. Les coûts financiers ont été estimés à environ 10 % des dépenses totales de santé des pays. L’amélioration de l’efficacité des systèmes de santé se traduirait par une économie de dépenses publiques de près de 2 % du PIB pour les pays de l’OCDE.

De façon paradoxale, la profession infirmière s’avère trop souvent la cible de compressions budgétaires alors que la littérature internationale démontre les impacts économiques positifs d’une pratique infirmière de qualité, c’est-à-dire des effectifs suffisants et qualifiés. Beaucoup de publications font état de ces gains, notamment le bénéfice économique lié à la réduction des complications, des temps de séjours, des réadmissions, des erreurs et des incidents évitables.

La maîtrise de l’argumentaire économique

Le SIDIIEF demande que les statistiques nationales compilées à partir du résumé de sortie d’hospitalisation incluent des indicateurs sensibles à la qualité des soins infirmiers. La recherche publiée par le SIDIIEF identifie six indicateurs prioritaires qui mettent en relief les impacts directs sur les personnes soignées : les plaies de pression, les erreurs d’administration de médicaments, les infections urinaire par cathéter, les chutes, la durée du séjour hospitalier et le taux de réadmissions. De plus, le SIDIIEF plaide en faveur d’un changement de posture politique et de discours pour la profession qui ne doit pas se centrer uniquement sur ses conditions de travail mais davantage sur les résultats des soins aux patients.

Le SIDIIEF estime nécessaire la codification d’indicateurs sensibles à la qualité des soins infirmiers afin de constituer des bases de données statistiques nationales et des comparaisons internationales pour la mesure des résultats de soins sur les patients et pour éviter les coupes budgétaires aveugles.

Les associations nationales d’infirmières, les syndicats et autres regroupements infirmiers peuvent davantage susciter l’Intérêt des décideurs en adoptant une posture politique plus habile à analyser la dynamique macroscopique des systèmes de santé et en utilisant un argumentaire économique. Le mémoire du SIDIIEF peut s’avérer un outil puissant pour aider la profession infirmière à jouer un rôle stratégique plus influent.


1 SIDIIEF :La qualité des soins et la sécurité des patients, une priorité mondiale.
http://www.sidiief.org/wp-content/uploads/SIDIIEF-M-moire-Qualit-des-soins.pdf
2 http://www.sidiief.org/products-page/librairie/

Congrès du SNIIL-Toulouse (France) – 9 et 10 octobre 2013

15 octobre 20130 Commentaire(s)

SNIIL

De gauche à droite: Les participants à la table ronde du SIDIIEF: Gyslaine Desrosiers, présidente du SIDIIEF, André Laubscher, directeur de soins infirmiers, CHU Genève, Suisse, Sylvie Laperrière, conseillère-cadre, CSSS de la Montagne, Montréal, Claire Zablit, professeure, Faculté de sciences infirmières, Université St-Joseph, Beyrouth, Liban

SNIIL

Infirmière, profession libérale : l’exception française

15 octobre 20131 Commentaire(s)

Les 9-10 octobre, à Toulouse (France), le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL)1 tenait son congrès de 40ème anniversaire. J’ai eu l’occasion de participer à ce congrès et d’animer une table ronde du SIDIIEF2 où les conférenciers présentaient l’exercice de la profession au Liban, en Suisse et au Québec. Au programme de ce congrès, les enjeux des soins gériatriques ou du suivi des personnes au prise avec un problème de santé mentale et enfin, un historique de l’exercice libéral ont permis de cerner des enjeux franco-français et d’autres à caractères plus universels.

La profession réclame partout la possibilité d’agir avec plus d’autonomie dans le cadre des soins à domicile et la prescription infirmière est à l’ordre du jour tant au Québec qu’en France. Dans ces deux cas, les pharmaciens d’officine se positionnent avec une certaine « vigueur » aux dépens des infirmières dans les protocoles de suivi, notamment d’ajustement des médicaments

Si le Québec a une longueur d’avance dans cette fameuse quête d’autonomie et dans le développement de la pratique avancée, la France se distingue par l’importance et l’ampleur d’une pratique infirmière libérale sur laquelle reposent les soins extrahospitaliers, en fait, tous les soins à domicile. Curieusement, la France fonctionne à l’envers du Québec avec des médecins hospitaliers salariés et des infirmières de soins à domicile en pratique libérale dont les actes infirmiers font l’objet d’une nomenclature dans une convention nationale et d’un remboursement par l’Assurance maladie de l’État.

Il y aurait environ 90,000 infirmières en pratique libérale soit environ 15 % des effectifs. Il a été mentionné durant le congrès qu’elles se situent au 2ème rang des micro-entreprises en France, donc, une force économique indéniable. Toute infirmière ayant un minimum de 2 ans d’expérience au cours des six dernières années peut ouvrir un cabinet. Il y a des restrictions dans les zones dites sur-dotées. Elle peut exercer seule, en collaboration ou en association.

Il y a quatre syndicats d’infirmiers libéraux4 en France qui, à l’instar des syndicats de médecins FMOQ et FMSQ au Québec, négocient notamment la tarification, le plan de retraite et les plans d’effectifs. Ces syndicats pratiquent un militantisme très « professionnalisant » axé sur la valorisation de la pratique infirmière : ils ont soutenu le rehaussement de la formation à l’université, la création de l’ordre et aujourd’hui, souhaitent la création d’une société savante infirmière.

Dans un contexte, où les soins à domicile ou en ambulatoires sont en croissance, les infirmières libérales occupent une position stratégique d’importance. La coordination des parcours de soins, l’accès direct aux professionnels de santé et la rémunération de l’éducation thérapeutique font l’objet de sourdes luttes interprofessionnelles. Dans tous les pays, les systèmes sanitaires doivent relever le même défi, celui des maladies chroniques et les assureurs, privés ou publics, confrontés à l’escalade des coûts de santé s’intéressent aux gains de performance. Comment faire valoir la performance et l’efficacité de la prestation infirmière ?

Il m’apparait que les syndicats d’infirmières libérales sont un peu coincés au plan des stratégies d’action. En effet, culturellement, les membres de ces syndicats, infirmières et infirmiers, adhèrent naturellement à un discours humaniste et centré sur la qualité relationnelle avec les patients. Trop souvent, le discours infirmier est plaintif et traditionnellement orienté sur la recherche de reconnaissance et devient sans intérêt pour les décideurs. Comment convaincre que la profession constitue un levier de solutions aux défis des systèmes de santé ? Une plus grande maitrise d’un discours économique axé sur la valeur ajoutée de la profession au plan systémique s’impose. Toutefois, ce discours orienté vers les décideurs ne fait pas vibrer le cœur de l’infirmière et risque d’éloigner l’association professionnelle ou le syndicat des préoccupations de la base.

Ainsi, le défi au plan médiatique s’avère gigantesque. Les syndicats hospitaliers, là-bas comme ici, présentent toujours la profession comme à bout de souffle et victime de décisions administratives abusives. Une profession qui fait pitié, ce n’est pas gagnant !!! En France, toutefois, les citoyens ont le libre choix de leurs infirmières libérales et ont un accès direct à celles-ci. Leurs syndicats peuvent se distinguer par une stratégie médiatique positive auprès de la population. On peut concevoir l’offre de services infirmiers comme « un produit » dans le marché de la santé qui requiert des stratégies marketing de positionnement renouvelées et un usage performant des médias sociaux. Dans un contexte de morosité générale, le citoyen pourra se dire « heureusement, que nous avons nos infirmières libérales ». !

Chaque contexte apporte un éclairage différent. Au Québec, on pourfend la rémunération à l’acte pour les médecins généralistes en soulignant qu’elle ne favorise pas la collaboration interprofessionnelle et encourage les médecins à pratiquer des actes « faciles » à grand volume. En France, la rémunération à l’acte pour les infirmières libérales permet de mieux cerner et identifier la contribution de la profession aux soins à domicile. Toutefois, la contribution « non-technique », telle la coordination de la prise en charge ou l’éducation thérapeutique, demeure une pomme de discorde parce que les médecins voudraient en avoir l’exclusivité et…améliorer leur rétribution de façon conséquente. Qui a déjà dit que l’argent est le nerf de la guerre ?


1 www.sniil.fr 
2 SIDIIEF : Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (www.sidiief.org )
3 Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (www.sniil.fr ), Fédération nationale des infirmiers (FNI) (www.fni.fr) et l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (www.onsil.fr)
4 Convergence infirmière ( http://convergenceinfirmiere.com)

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